Marie Claire - La question de l'adoption en France - Position des candidats.
Marie Claire - La question de l'adoption en France - Position des candidats.
Ne faut-il pas assouplir la procédure qui déclare un enfant adoptable ? Et pourquoi ne pas considérer comme des adoptions "nationales" celles réalisées dans l'Union européenne ?
François Bayrou
Il faut probablement améliorer et unifier les procédures applicables, en particulier pour l'adoption simple. Cela dit, il importe que, sans qu'elle ne se transforme en parcours du combattant, la procédure d'adoption permette de garantir une volonté réelle de la part des futurs parents. Par ailleurs, je suis tout à fait favorable, avec mes amis du Parlement européen qui y travaillent activement, Claire Gibault et Jean-Marie Cavada, à une politique européenne de l'adoption. Les règles seraient les mêmes dans tous les Etats, et les adoptions réalisées à l'intérieur de l'Union européenne seraient considérées comme des adoptions nationales. Aujourd'hui, les enfants orphelins ou abandonnés sont les premiers à souffrir de procédures beaucoup trop complexes et souvent trop longues. L'Europe doit se mobiliser pour eux.
Ségolène Royal
L'adoption est une question délicate. L'intérêt de l'enfant abandonné, pour être clairement établi, doit être examiné avec d'infinies précautions, avant que ce dernier soit considéré comme adoptable. La législation a déjà évolué sur ce point, mais la décision doit toujours appartenir au juge, sur initiative des services sociaux et après expertise. Un an, pour constater le "désintérêt des parents", me semble raisonnable. Sans doute, en revanche, le délai de procédure judiciaire pour le prononcé de déclaration d'abandon devrait-il être accéléré. Mais cela relève alors d'une amélioration de l'efficacité de notre système judiciaire, à laquelle je me suis fortement engagée par ailleurs.
Nicolas Sarkozy
Il faut faciliter l'adoption "intérieure", c'est-à-dire en France, des enfants qui n'ont pas de famille. Il y a plus de 120 000 jeunes de moins de 18 ans placés à la suite de mesures de protection. Et très peu seront adoptés, car trop peu seront déclarés adoptables suffisamment tôt. Pour l'être, les enfants délaissés par leurs parents biologiques doivent en effet faire l'objet d'un abandon judiciaire - procédure lourde, définitive et bien sûr difficile à vivre par tous. Raccourcir le délai est une nécessité, même s'il ne faut pas confondre rapidité et précipitation, et laisser leur chance aux parents dont les difficultés ne sont que passagères. Quant à considérer comme "nationales" les adoptions réalisées dans le cadre de l'Union européenne, encore faudrait-il que la "philosophie" de ces adoptions soit partagée par tous. Le préalable serait donc de confronter les diverses approches éthiques et sociales.
Dominique Voynet
Ce sont forcément des députés français qui proposent aux Roumains et aux Bulgares de laisser partir leurs enfants ! Que dirait-on si des parlementaires américains proposaient d'adopter des enfants européens ? C'est vrai que beaucoup seraient adoptables si on n'attendait pas si longtemps et en vain que le lien familial se renoue. Et comme beaucoup veulent adopter un bébé, pas une fratrie ni un enfant handicapé... C'est encore un problème de prévention : on préfère placer les enfants en institution plutôt que d'aider leur famille. Dans le Pas-de-Calais, une famille expulsée a été relogée à l'hôtel et ses gamins placés. Coût de l'opération : 80 000 euros en un an ! J'ai été médecin-réanimatrice et mis au monde un bébé de 800 g dont la mère alcoolique avait déjà sept gamins. Pourquoi n'a-t-on pas aidé cette femme à ne plus procréer ? L'intérêt de l'enfant est trop souvent nié.