Une nouvelle passion au Chili, l’adoption d’enfants d’Haïti

Les demandes d’adoption d’enfants haïtiens, devenues subitement nombreuses au Chili, sont sur le point de créer dans le pays andin un phénomène, rapporte lundi la station locale Radio Cooperativa.

Le Service national des mineurs (SENAME), l’organisme d’Etat compétent en la matière, annonce avoir reçu au cours des trois derniers jours la visite de trente personnes désireuses d’adopter un enfant d’Haïti confronté à l’extrême pauvreté. Cet intérêt, qui semble avoir un effet de contagion, est suscité par l’exemple d’un casque bleu chilien envoyé en mission en Haïti. A l’issue de son séjour de six mois dans le pays, le sous-officier des Forces Aériennes Chiliennes (FACH), Mario Castillo, a pu en effet intégrer dans sa famille Berdine, une petite de six ans, qu’il a découverte à Port-au-Prince.

"Comme Haïti n’est pas signataire de la convention internationale de La Haye, il faut initier un processus simple là-bas. Les parents du mineur adopté l’autoriseront à sortir du pays et le remettront à sa nouvelle famille", a indiqué la directrice du SENAME, Paulina Fernàndez, qui renseignait sur les formalités administratives associées à l’acte d’adoption. Elle précise que le processus légal se déroulera parallèlement au Chili où la famille d’accueil devra se montrer "apte à prendre en charge l’enfant adopté".

"Réellement, les gens n’ont rien à manger en Haïti", a soutenu Madame Fernàndez dans une tentative de justification d’un probable départ en masse de nos jeunes compatriotes pour le Chili.

Berdine, la nouvelle fille adoptive de Mario Castillo, est arrivée à Santiago mardi dernier avec un visa de touriste. Le sous-officier a immédiatement entrepris des démarches en vue d’être reconnu par la justice chilienne comme le père légal de l’enfant. En Haïti, le processus a déjà été totalement bouclé.

Toutes les familles chiliennes intéressées à adopter des enfants d’Haïti doivent se faire enregistrer en conséquence et soumettre leurs dossiers au SENAME, à la Fondation chilienne de l’adoption ou à la Fondation San José.

Haïti exporte beaucoup de ses enfants déshérités principalement en Amérique du Nord et en Europe, mais l’Amérique du Sud était jusqu’ici très peu connue comme région de destination des adoptés. Selon certaines études, de graves défaillances sont relevées dans l’application des procédures d’adoption et la surveillance institutionnelle de l’activité des orphelinats particulièrement nombreux à travers le pays. spp/RK