Adoption: «Si Sarkozy veut me remplacer, je démissionne» - Yves Nicolin, président de l'Agence Française de Adoption
Adoption: «Si Sarkozy veut me remplacer, je démissionne» - Yves Nicolin, président de l'Agence Française de Adoption
Président de l'Agence française de l'adoption, et lui-même père adoptif de trois enfants, le député UMP de la 5e circonscription, Yves Nicolin, est sur la sellette suite à des attaques d'associations de parents adoptants.
>> Comment réagissez-vous aux attaques des associations contre l'agence française de l'adoption, que vous présidez, à qui elles reprochent un traitement des dossiers interminable, l'absence de respect de l'angoisse des familles ou des renseignements erronés ?
Je ne les prends pas bien. Elles sont injustes, voire même diffamatoires. Les propos tenus et écrits qui parlent des personnels de l'agence en terme de compétence, de transparence, d'honnêteté, sont des choses qu'on ne peut pas admettre. On voudrait nous faire porter un chapeau beaucoup trop grand pour nous.
>> Pourquoi l'association n'est-elle pas responsable selon vous ?
Parce que tout ne dépend pas de nous. En Chine, les Chinois ont dit qu'ils traiteraient une trentaine de dossiers par mois, avec la perspective d'arriver à une soixantaine. Finalement, ils nous ont attribué huit enfants en 2007, dont six ont pu être adoptés. Je veux bien qu'on nous dise qu'on n'a pas les résultats attendus, mais cela ne dépend pas de l'agence. Ensuite, on a 10 000 dossiers actifs, et une quinzaine de collaborateurs : comment ces quinze personnes pourraient avoir un contact régulier avec les familles ? C'est impossible!
>> Comprenez-vous les problèmes des associations ?
Autant je peux comprendre la douleur des familles, autant je trouve ces attaques injustes et déplacées de la part d'organismes qui connaissent l'état des choses. Notre agence a besoin de sérénité, et de travailler dans la confiance. Faire tomber des têtes ne changera rien, sinon en pire. Nous sommes accrédités, il y a un réel contact entre la directrice et les pays d'origine des enfants : il faudrait tout recommencer. Je suis serein pour la suite, car je m'en suis plusieurs fois ouvert au président de la République, qui m'a renouvelé sa confiance. Toute cette agitation n'est pas très saine.
>> Pourquoi réclament-elles votre départ ?
Peut-être ces choses sont-elles téléguidées d'ailleurs… Des gens souhaiteraient ma place. Je m'en suis entretenu avec Janice Peyré, la présidente d' Enfance & Familles d'adoption qui réclame mon départ. (un lobby puissant en Fr et en plus Janice Peyré est membre du Conseil Supérieur de l'Adoption.
>> L'agence française de l'adoption (AFA) est-elle condamnée à disparaître si elle ne suscite pas l'unanimité ?
Non, en aucun cas ! Tout le monde est conscient que sans agence, 800 enfants de moins seront adoptés chaque année. Il existe une période baissière dans la durée. Il n'y a pas de progression, alors que l'agence se mettait en place, mais il existe des explications précises à cet état de fait. On constate que le nombre d'adoption a diminué partout, de moins 25% par exemple aux États-Unis.
Seule l'Italie connaît une augmentation du nombre d'adoptions, mais en acceptant que les parents versent des contreparties financières, et d'adopter des enfants plus grands. La plupart des candidats français à l'adoption refusent des enfants âgés de plus de cinq ans.
>> Êtes-vous prêt à ne pas briguer votre propre succession aujourd'hui, lors du conseil d'administration ?
J'ai rencontré Claude Guéant, le secrétaire général de l'Elysée, le 20 août dernier. Mon mandat est à la disposition du président de la République. S'il veut me remplacer, je démissionne dans la minute. Je suis là à titre bénévole. Je comprends les familles dans le désarroi. Tout le monde met de l'espoir dans l'agence, mais on ne pourra pas répondre à toutes les demandes. Nous fonctionnons comme un service public : nous enregistrons toutes les demandes, sans les sélectionner. C'est forcément plus facile pour les associations, qui procèdent à une sélection… Tout cela relève du mauvais procès,, du procès en sorcellerie. Je ne trouve pas cela juste, mais j'ai l'habitude après le rapport Colombani… Ca ne nous empêche pas de continuer à travailler.
Propos recueillis par David Blanchard
http://www.leprogres.fr/infosdujour/loire/1060837.html