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Adoption en Suisse: la théorie et la pratique

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Adoption en Suisse: la théorie et la pratique

   SPE    

La Suisse ne délivre plus de visas pour des enfants adoptés au Guatemala depuis novembre 2005. «Le Guatemala est un cas extrême. Il est très rare que des femmes entament une grossesse pour répondre à la demande d'adoption internationale», souligne Hervé Boéchat, spécialiste de l'adoption au Service social international.1
Selon la Convention de La Haye, l'adoption internationale n'est que le dernier recours, «après avoir dûment examiné les possibilités de placement de l'enfant dans son Etat d'origine». «Les pays du Sud ne sont plus d'inépuisables réservoirs à bébés. Avec sa classe moyenne grandissante, l'Inde peut aujourd'hui prendre en charge 80% des enfants à adopter. On est loin des orphelinats mouroirs de Calcutta de mère Teresa», analyse M. Boéchat. Du coup, la demande des familles d'accueil dépasse l'offre d'enfants. La Suisse n'y échappe pas. Environ 500 adoptions sont prononcées chaque année, mais il y aurait au moins le double de candidats.
Le libre consentement des parents, de la mère biologique ou de l'institution en charge de l'enfant est au coeur de la Convention de La Haye. La mère ne peut accepter de placer son enfant à l'étanger qu'après sa naissance. Ce qui interdit la pratique des «ventres loués».
En Suisse, ce sont les cantons qui reçoivent, examinent les demandes d'adoption et, si nécessaire, enquêtent sur l'aptitude des futurs parents. Les candidats peuvent s'appuyer sur l'un des 24 intermédiaires agréés par la Confédération. Ces associations conseillent et accompagnent les futurs parents, notamment lors de leur visite dans les pays où ils désirent adopter. Le recours à ces intermédiaires n'est pas obligatoire mais «recommandé». Dans les faits, ils sont débordés et beaucoup de parents s'en passent.
Berne reconnaît des adoptions prononcées dans des pays qui n'ont pas ratifié la Convention de La Haye. Est-ce à dire que certains enfants adoptés en Suisse sont issus du trafic? M. Boéchat tempère le propos: «Il faut bien distinguer les mauvaises pratiques qui peuvent exister dans l'adoption des questions liées au trafic. Dit de manière un peu crue, les trafiquants ramassent simplement les gosses dans la rue. Ils ne vont pas prendre la peine de passer par toute une procédure d'adoption internationale.»
S'il est interdit de tirer un profit «indu» d'une adoption, la réalité est parfois bien différente. «Imaginez un couple qui se rend jusqu'au Kazakhstan. Ils ne vont pas rester des mois sur place à attendre les différents papiers nécessaires pour quitter le pays. Une enveloppe incitera le fonctionnaire à traiter en priorité leur dossier», illustre M. Boéchat.
Autre garde-fou, la rencontre des parents avec leur futur enfant n'intervient qu'à la toute fin de la procédure. «On ne le choisit pas sur catalogue comme une voiture. La mise en relation de l'enfant avec ses futurs parents est l'acte fondamental de l'adoption, qui doit impérativement être décidé par une équipe de professionnels, en fonction des besoins de l'enfant et des capacités des adoptants», conclut M. Boéchat.
Note : 1 Auteur de «Adoption internationale: une évolution entre éthique et marchés», Fondation suisse du service social international.

2007 Nov 17