exposing the dark side of adoption
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De Ségou à Paris, les jumelles Cissé ont-elles été vendues ?

public
Un ex-agent de l’Office du Niger Ségou est à la recherche de ses jumelles. Celles-ci ont été adoptées en France depuis 1990. Mais voici 12 ans que Mr Cissé est sans trace de sa progéniture. Récit d’un mélodrame sous le couvert de la solidarité qui a cependant tout l’air d’un trafic d’enfant.

Nous sommes en 1990. Précisément le 17 Mars. Dans la famille Cissé, naît ce jour là, deux jumelles que les parents ont vite fait de baptiser une semaine après Hawa et Adama. Le père, Alassane Cissé est le principal graisseur de la station de pompage de l’Office du Niger. La mère est ménagère. Moins d’un mois après son accouchement, le sort en décidera autrement pour cette dernière. Balkissa Traoré décède le 9 avril 1990.

Déjà, avec 4 autres orphelins dans les bras sans compter les jumelles et se trouvant dans une fonction précaire, Alassane Cissé sera à l’écoute des compassions et des âmes charitables. « Le jour de l’enterrement de ma femme, un militaire en retraite du nom de Alou Traoré m’a proposé de voir le service de l’action sociale afin de prendre les jumelles en charge. Comme je ne savais ni lire, ni écrire j’ai juste informé le lendemain Oumar Tounkara un syndicaliste de l’Office du Niger qui a contacté à son tour le SG Ntji Coulibaly et Oumou Koné du Service Administratif de l’Office du Niger.

Puis on m’a dit que le Directeur Général, à l’époque Moussa Léo Sidibé, a fait un papier dans ce sens pour la Direction Régionale de la Santé. Ce que je sais après tout cela, c’est qu’au deuxième jour, on m’a appelé à travers Haby Doucouré au Centre de Santé Famory Doumbia pour me signifier qu’une toubab va s’occuper désormais des enfants. Moi je ne l’ai jamais vue mais j’ai donné mon accord vu tout l’entourage qui se battait pour moi dans mes difficultés…. », nous raconte Alassane Cissé, un compressé de l’Office du Niger depuis 1994 habitant aujourd’hui le quartier Darsalam. En réalité, cette Toubab dont elle parle se trouve être Danielle Boudault dont le nom nous été donné par une responsable féminine de Bamako versée dans les histoires d’adoption d’enfants mais qui nous a informé également que cette dernière ne vit plus au Mali se trouvant aujourd’hui précisément à Limours en France. C’était une assistante technique au Mali par le biais de la Coopération Internationale et qui donnait des cours à l’ENA de Bamako avant de se trouver peu de temps après, Correspondante d’une ONG française qui s’occupe de l’adoption des enfants.

Cette ONG s’appelle Rayon de Soleil de l’Enfant Etranger. Tout allait bien au départ puisque la famille Cissé recevait des photos des enfants, mais juste des photos des enfants, jusqu’en 1997 où démarra le silence radio. Ni Danielle, ni la responsable du secteur Afrique de cette ONG, en l’occurrence Nael Yelaine dont nous avions trouvé le nom et l’adresse sur un coupon de papier encore moins les services de l’action sociale de Ségou n’étaient en mesure de dire où se trouvaient les jumelles et que sont-elles devenues. Ce que nous, nous savons, grâce aux photos envoyées depuis la France c’est qu’entre 1990 et 1997 les jumelles Hawa et Adama ont connu deux familles d’adoption.

Mieux, la première famille les a baptisées Christelle et Magali et la seconde Pauline et Baptiste. C’est avec ces nouveaux prénoms chez un couple du nom de Mr et Mme Georges Vassal que toute trace des jumelles a disparu comme les photos peuvent l’attester. Sur le site Internet de cette ONG qui, paradoxalement ne fait apparaître aucun contact pour pouvoir leur écrire ou tout au moins leur téléphoner, nous sommes tombés sur une certaine Mme Carre qui avait laissé son numéro à l’occasion d’un évènement social qu’elle a organisé hier Dimanche en Normandie. Elle nous a donné gentiment un numéro de contact qui s’avéra être bon.

Cependant, la bonne dame de Rayon de Soleil que nous avions eue au bout du fil et qui a refusé de décliner son identité après qu’on lui ait expliqué les raisons de notre appel nous dira d’abord que Mme Nael Yelaine ne travaillait plus dans leur ONG depuis 2003 et qu’elle-même se refusait de nous donner toute information au sujet de ces jumelles parce que, d’abord elles sont majeures aujourd’hui (plus de 18 ans) et ensuite il faut que le désir de prendre attache avec leurs parents biologiques vienne d’elles. Pour cela, nous croyons que si ces enfants n’avaient pas été trafiqués pourquoi Rayon de Soleil ne puisse pas leur dire la vérité sur leur adoption depuis Ségou ou Goundam d’où résident leurs parents.

 « Les parents qui donnent leurs enfants à Rayon de Soleil savent bien qu’ils souscrivent à un consentement d’adoption plénière. Cela veut dire qu’ils renoncent aux droits paternels et maternels sur l’enfant » explique notre interlocutrice qui est désolée que « Rayon de Soleil ne puisse vous dire où se trouvent ces jumelles ». Cet argument ne tient pas la route puisqu’en 1990 aucune loi ne réglementait l’adoption d’enfant au Mali jusqu’à faire croire qu’un enfant adopté pénalisait tout parent à avoir un droit sur lui. Aussi, au regard de la conversation que nous avions eue avec Rayon de Soleil et après 19 ans d’adoption où on peut parier qu’on n’a jamais expliqué aux jumelles qu’ici à Ségou se trouvent leur père, leurs frères et sœurs bref, leur culture et leur éducation, il est clair que l’adoption, contrairement au vœu des parents, a été faite dans des conditions sibyllines.

De graves doutes persistent sur ce à quoi toutes ces bonnes volontés ségoviennes que nous avons citées dans cet article avaient cru être une panacée pour atténuer la souffrance d’un père qui perd successivement sa femme par le vœu du Tout Puissant et ses enfants par la faute des humains. Alassane Cissé nous a juré que sa main n’a signé aucun papier. Aussi, le Mali avions-nous dit ne connaît pas cette forme d’adoption où le parent ne sait même pas qui adopte son enfant, où vit-il, ce qu’il fait et qui plus est, est baptisé au gré des parents d’adoption en changeant même, dans le cas des jumelles, de religion pendant que ses parents sont dépouillés de tout droit sur lui.

Si il n’ y a pas anguille sous roche ou si Rayon de Soleil qui « distribue » ces enfants à qui il veut, n’a pas peur de la réaction des enfants le jour où ils sauront la vérité sur leur « transaction », pourquoi n’aident-il pas les parents et leurs enfants à se connaître au moins ? A suivre

Moutta

2005 May 18