Violence: Une fillette torturée par sa famille adoptive

C'est un cas d'enfant martyr hors norme. Les parents adoptifs d'une fillette de 4 ans ont été mis en examen et écroués jeudi soir, pour "actes de torture et barbarie". L'enfant, arrivée dans cette famille à trois mois, a subi un traitement d'une cruauté à peine concevable. Le couple, qui réside à Sartrouville dans les Yvelines, nie en bloc. Mais pour les médecins, il n'y a aucun doute. Selon eux, la petite fille "est un animal soumis qui ne réclame pas ses parents depuis qu'elle est hospitalisée à l'hôpital Necker à Paris".

Une petite fille de 4 ans a connu l'horreur dans sa famille adoptive de Sartrouville, dans les Yvelines. Les sévices auront donc duré quatre ans. Kahina avait trois mois lorsqu'elle a été adoptée par ce couple à la réputation excellente d'après les pédiatres. Les premières violences auraient commencé presque aussitôt. Les deux parents ont été mis en examen pour "actes de torture et de barbarie sur mineur de 15 ans ayant entraîné l'infirmité permanente par un ascendant adoptif", crime puni de 30 ans de réclusion. Ils ont été écroués jeudi (15 novembre) soir.

Le couple réfute être auteur de toute violence. Mais ce qu'ont décrit les médecins de l'hôpital Necker, à Paris, semble accablant. Le tableau clinique de la fillette fait froid dans le dos. Six de ces dents sont cassées. Des poignées de cheveux ont été arrachés ; plusieurs os, brisés. Sa bouche et son oesophage sont ulcérés par l'ingestion de produit corrosifs. Il y a encore pire. Mais l'essentiel aujourd'hui, c'est que Kahina est hors de danger, en convalescence. Les médecins la disent vive et intelligente. Ils la comparent à "un petit animal soumis qui ne réclame pas ses parents".

Syndrôme de Munchausen par procuration

Le couple semble être parvenu à manipuler son monde. Les médecins, notamment. Ils en ont consulté beaucoup au long de ces quatre années. Mais depuis trois mois, ils ont fait hospitaliser leur fillette quatre frois à l'hôpital Necker. Les médecins de l'établissement ont fini par diagnostiquer les violences et lancer un signalement mi-octobre. Les parents étaient et sont toujours persuadés qu'il s'agit d'une maladie rare. Elle femme au foyer, 46 ans. Lui, diplômé d'HEC au RMI, 40 ans. Il aurait mis un terme à sa carrière pour s'occuper de ces enfants. Le couple a, en effet, un fils naturel de six ans. Depuis l'interpellation de ses parents, il est placé dans un foyer. Mais lui n'a subi aucun violence.

Voisins et proches ne comprennent d'ailleurs pas. Tous parlent d'un couple fusionnel, intelligent et calme. Mais derrière l'excellente réputation se cachait un sordide

familial. Pour la justice, les suspects ont simplement bien caché leur jeu. Il s'agirait d'un syndrôme de Munchausen par procuration. Les parents auraient volontairement blessé son enfant pour l'emmener se faire soigner par la suite. Ce sera dorénavant aux experts psychiatres de statuer sur ce point.